Microhabitats

text by Vincent Zonca

Full translation by Jody Gladding available thanks to Polity Books!

”The common approach of a flaneur botanizing on the asphalt.”

Walter Benjamin, Baudelaire, a lyric poet
at the height of capitalism,
1936

Due to its great resistance, the lichen is one of the most common organisms, especially in our modern cities. Adapting to small or disturbed ecosystems, it is one of the main characters of the micro landscapes that we can observe in urban environment, even in the most extreme ones (smooth and exposed surfaces of traffic signs or plastic meter or tarpaulins on the ground in direct sunlight etc).

In this, it invites a shift of the gaze, a change of scale. Botany speaks of "micro-habitats" to evoke these tiny living spaces: trunks, stones ... In town, these interstitial micro-habitats are opposed to the dimensions of wastelands: these are the corners or edges of buildings, old walls, cracks in concrete and sidewalks, trees, roofs. They constitute a reservoir of life and biodiversity, and they subsist, assert themselves, despite and thanks to the city. These ecosystems have their "sociology", and this cohabitation can be of a symbiotic nature: each species has its preferred living conditions and may need the proximity of certain other species. The sociology of lichens is a branch of lichenology which focuses on studying lichenic behavior such as if and why certain species live close to others. This notion of micro-habitats is enlightening because it allows us to show that the city is not opposed to the idea of ​​nature (meaning non-human living species), that the city itself is nature, a place of interactions, and that the other living beings are still there, which grow, emerge through the interstices, sleep in the basement, adapt to anthropogenic conditions and are just waiting to be valued. […]

All of our architectural structures are exposed to the forces of nature. It is only a matter of time before they are overgrown like ruins with moss and various fungi that can live for thousands of years. Precisely these often neglected organisms have an important ecological role to play.

Oscar Furbacken (174)

With increasing urbanization and globalization, these micro-habitats have become new places of life, pioneer spaces. Being a part of the ruderal spaces, they are places of resistance in that the organisms which grow there must adapt to particularly difficult conditions: air and soil pollution, great variability of humidity and light, reduced space, etc. The adaptation strategies of these microcosms have a rich educational value.

On this scale, dripping water pipes, city lights and various shading objects create unique climatic conditions. Therefore, within a radius of a bare meter, we can encounter several radically different microhabitats.

Lichens, often overlooked, have the ability to survive extreme conditions thanks to their advanced symbiotic constitution. Species sensitive to air quality can be used to measure pollution over time. Some fungi are used for mycoremediation, a process that allows soils with toxic waste to regenerate. Mosses and other small plants are frequent colonizers of all new territory, including human-made structures (175).

As Oscar Furbacken proposes with his project Urban Microhabitats, there is also a question of reappropriating the city as a space that mixes human constructions with spontaneous dwellings of other living species and seeing it differently, ethically, ecologically, in the way that it seeks to recreate a link among living entities. As a new version of the ”flaneur” character from Walter Benjamin: the Swedish artist wanders around the big cities, in particular the more “touristy” ones, among visitors and inhabitants, to pause in front of a microcosm that gains his attention, be it lichens or chasmophyte plants (those that live in cracks). He then sets up his macro camera equipement to carry out studies upon the motif, on the very small motif and therefore very close to the motif: a moving painting of ”micro landscapes" that he calls Close Studies (see ill. 10).

[…]


Freely translated extract from the essay by Vincent Zonca:
Lichens - pour une résistance minimale
éditions Le Pommiers 2021 (page 212-214)

about the author:

Vincen Zonca is a writer and the current attaché of literature and ideas at the French Embassy in Brazil. He is a graduate of the École normale supérieure of Lyon and associate professor of modern literature. His research combines ecology, literature, philosophy and contemporary art.



ORIGINAL FRENCH VERSION:

Micro-habitats

Vincent Zonca

”La demarche habituelle du flâneur qui va herboriser sur le bitume.”


Walter Benjamin, Baudelaire, un poète lyrique
á l’apogée du capitulisme
, 1936


Par sa grande force de résistance, le lichen est l’un des organisms les plus répandus, en particulier dans nos villes modernes. S'accommodant de peu et d’écosystèmes perturbés, il est l’un des personnages principaux des micro-paysages que nous pouvons observer dans l'environnement urbain, jusqu'aux plus extrêmes (surfaces lisses et exposes des panneaux de circulation ou des compteurs en plastique, bâchés de pillage au sol en plein soleil, etc.).

Il invite en cela à un décentrement du regard, à un changement d'échelle. La botanique parle de ”micro-habitats” pour évoquer ces espaces de vie minuscules: troncs, pierres… En ville, ces micro-habitats interstitiels s'opposent aux dimensions des terrains vagues: ce sont les coins ou les bords de muns, les vieux murs, les fissures du béton et des trottoirs, les arbres, les toits. Ils constituent un reservoir de vie et de biodiversité, et ils subsistent, s'affirment, malgré et grâce à l'urbain. Ces écosystèmes ont leur ”sociologie”, et cette cohabitation peut être de nature symbiotique: les différentes espèces préferent des conditions de vie et le voisinage d’espèces spécifiques. La sociologie des lichens est une branche de la lichénologie qui s'attache à étudier les comportements lichéniques: si, et pourquoi, certaines espèces vivent près les unes des autres. Cette notion de micro-habitats est éclairante car elle permet de montrer al que la ville ne s oppose pas a l'idée de nature (on plutôt aux espèces vivantes non humaines), que la ville est elle meme nature, lieu d'interactions, et que les autres êtres vivants sont toujours là, qui poussent, émergent par les interstices, dorment en sous-sol, s'adaptent aux conditions anthropiques et n’attendent qu'à étre mis en valeur. C'est ce que le paysagiste Ricardo Cardim cherche à faire en réveillant la fort atlantique à Sao Paulo: montrer la puissance en dormance des plantes au sein même de la mégapole, ôter le bitume pour que les tiges jaillissent.


Toutes nos structures architecturales sont exposées aux forces de la nature. Ce n'est qu'une question de temps avant qu’elles ne soient envahies comme des ruines par la mousse et divers champignons qui peuvent vivre pendant mille ans. Précisément ces organismes souvent négligés ont un rôle écologique important à jouer.

Oscar Furbacken  (174)


Avec l'urbanisation croissante et la mondialisation, ces micro-habitats sont devenus des nouveaux lieu de vie, des espaces pionniers. Constituant one partie des espaces rudéraux, ils sont des lieux de résistance en ce que les organismes qui y poussent doivent s’accommoder de conditions particulièrement difficiles: pollution de l’air et du sol, grande variability de l’humidité et de la lumiere, espace réduit, etc. Les strategies d’adaptations de ces microcosms sont riches en enseignements.

À cette échelle, les conduites d’eau qui dégoulinent, les lumières de la ville et les divers objets d'ombrage créent des conditions climatiques uniques. Par conséquent, dans un rayon de seulement un mètre, on peut rencontrer plusieurs micro-habitats radicalement différents.


Les lichens, souvent négligés, ont la capacité de survivre à des conditions extrêmes grâce à leur constitution symbiotique avancée. Les espèces sensibles à l qualité de l’air peuvent être utilisées pour mesurer la pollution dans le temps. Certains champignons peuvent être utilisés pour la mycoremédiation, un processus qui permet aux sols comportant des déchets toxiques de se régénérer. Les mousses et autres petites plantes sont des colonisateurs fréquents de tout nouveau territoire, y compris des structures constituées par l’homme (175).


Comme le propose Oscar Furbacken avec son projet Micro-habitats divers, il s’agit également de se réapproprier la ville comme espace qui mêle constructions humaines et habitations spontanées d’autres espÈces vivantes, et de la voir d’une autre façon: éthique, écologique, en ce qu’elle cherche à recréer un lien au sein du vivant. Une version nouvelle du personnage du ”flâneur” de Walter Benjamin: l’artiste suédois déambule au hasard des grandes villes, en particulier les plus ”touristiques”, parmi les visiteurs et les habitants, pour s’arrêter sur le microcosme qui retient son attention, lichen ou plantes chasmophytes (celles qui vivent dans les fissures). Il installe alors sa caméra macro pour réaliser des études sur le motif, sur le très petit motif et donc très près du motif: une peinture de ”micro-paysages” qu’il appelle close studies (voir ill. 10).

[…]


extract from the essai Lichens - pour une résistance minimale,
éditions Le Pommiers 2021 (p.212-214)


about the author:

Vincen Zonca is a writer and the current attaché of literature and ideas at the French Embassy in Brazil. He is a graduate of the École normale supérieure of Lyon and associate professor of modern literature. His research combines ecology, literature, philosophy and contemporary art.